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Y. LE CAËR dans le Guinness I

ANATOMIE d'un RECORD GUINNESS - 1er Chapître
 
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DEJA SI LOIN DANS LE TEMPS... ET POURTANT TOUJOURS SI PROCHE :
U.S.A., 23 août 1986, 7 heures du matin, sur la route qui relie Miami à Key Biscayne en Floride, un cycliste à l'entraînement est heurté par un chauffard et abandonné inconscient sur le bord de la route.  Un fait divers sans grande importance, diront certains, dans une aire urbaine qui représente une population de 5,4 millions de personnes. Rassurez-vous cependant, cet homme, malgré bien des conséquences, allait, comme l'on dit, "s'en sortir", mais ses activités cyclistes s'effondraient et autre chose mourrait aussi : son programme [AQUACYCLE], auquel il avait consacré, 8 ans durant, non seulement une grande partie de son temps libre, mais aussi son enthousiame, son énergie, sa vision technique... et ses finances également.  Si un an auparavant, à un mois de son cinquantième anniversaire, il avait réussi le 10 septembre 1985, sur son prototype [AQUACYCLE],  la traversée de la Manche dans sa plus grande largeur, entre Cherbourg dans le Nord Cotentin et Poole sur la côte Sud de l'Angleterre, cet accident du mois d'août 86 anéantissait soudain son bel élan, ses espérances et aussi tout autre projet identique alors à l'étude.
 
Voici donc pour l'introduction... ou l'épilogue si vous préférez !  La vie ayant par la suite repris ses droits, j'ai voulu, aujourd'hui, incité par notre Président Henri AUBERT et autres membres de l'AAKPPA, revivre brièvement avec vous, mes anciens concitoyens de K/PL, l'expérience qui demeure l'Everest de ma carrière sportive.
 
LE PROGRAMME [AQUACYCLE],
CONCEPTION :  C'est en juin 1978, après avoir remporté les championnats cyclistes Masters de Floride, route & contre-la-montre, que je pris la décision de concevoir, à des fins purement sportives, et avec l'aide d'experts américains en la matière, un engin atypique et novateur fusionnant technologie cycliste & technologie navale ; l'objectif étant de construire et optimiser un prototype, fiable mais léger, esthétique et surtout performant, la puissance motrice/vitesse restant liée, quant à elle, à mes aptitudes de cycliste.  Autres paramètres de construction, 2 coques fines [principe catamaran] assureraient la stabilité de l'engin, l'hélice serait l'appareil de traction [rapport 12 (hélice) pour 1 (pédalier)] et le système autonome de propulsion, incluant manivelles, pédales, transmission et enfin ladite hélice, devrait être rapidement remplaçable en cas d'avarie.  La direction serait assurée au moyen d'un gouvernail commandé par le mouvement latéral du guidon.  Quant au cadre (un cadre de série étant à écarter pour raison de rigidité), un cadre spécial en aluminium serait construit en fonction de ma morphologie et position sur route.  Avais-je, à ce stade, l'intention de me lancer à la conquête du Gulf Stream et surtout de la Manche ?  Certes oui ! 
 
CONSTRUCTION :  Au cours des 8 années qui suivirent l'origine dudit programme plusieurs prototypes furent construits, chacun présentant des avancées techniques et des caractéristiques différentes maximisant la fiabilité, sécurité, légèreté et performance de l'appareil.  Le premier prototype fut mis à l'eau le 21 septembre 1979 et le dernier, le 15 janvier 1986.  Formellement baptisé [AQUACYCLE],  l'engin fut aussi parfois surnommé [AquaC] ou encore  [VéloCat].
 
TRAVERSEE BAHAMAS / FLORIDE - 9 juillet 1981
La traversée entre CAT CAY, aux Bahamas, et DANIA BEACH, située sur la côte Est de la Floride, à 40 km au Nord de MIAMI, bien qu'elle ne dura que 10 heures et 50 minutes (!!!), nécessita cependant une organisation minutieuse dans laquelle l'importance du moindre détail ne pouvait être sous-estimée, d'autant plus qu'une grande partie du voyage s'effectuerait de nuit et à travers les eaux et courants du Gulf Stream, particulièrement connu pour son humeur capricieuse.  Si ma préparation physique fit l'objet d'un soin particulier [12.500 km d'entraînement sur route + 165 heures sur l'eau, durant les 6 mois précédant le jour "J"], car c'était là l'élément essentiel à toute réussite, assurer la présence de 2 bateaux d'escorte (Wardi & Triton) et d'une équipe d'assistance, suivre l'évolution de la météo, définir la méthode de navigation, calculer le trajet/route probable en tenant compte non seulement des activités et vélocité des courants du Gulf Stream mais aussi de ma vitesse de croisière anticipée, prévoir des mesures d'urgence, établir les méthodes de ravitaillement, répondre aux exigences des médias, et enfin coordonner harmonieusement tous ces éléments, étaient autant de facteurs à ne pas négliger.  Avec le soutien d'Andréa, mon épouse, ils ne le furent pas et la traversée, malgré de menus problèmes et un violent orage tropical nocturne, fut un succès bien au-delà de mes espérances.  Quittant CAT CAY le 8 juillet 1981, à 23h40, je touchais terre à DANIA BEACH, 100 km plus loin, le lendemain matin à 10h30.
  
PUISE DANS MES ARCHIVES : ..... 8 juillet 1981, 23h40, le premier coup de pédale est donné..... température de l'air 29°C, température de l'eau 27°C, humidité 77%, houle longue 60/80 cm..... après quelques minutes de confusion, durant lesquelles l'escorte me perd de vue, le plan de route entre harmonieusement en action..... la nuit est magnifiquement étoilée, les vents d'Est à 10 noeuds..... les premières heures passent, chacun s'acquittant de la tâche qui lui incombe..... ma position m'est transmise chaque heure, mon ravitaillement donné par Andréa "à la volée", ma progression excellente, l'aquacycle tourne rond et le roulis est acceptable..... 3h40, en prenant mon ravitaillement et mes premières 5 minutes de repos tout en dérivant sur l'aquacycle, je note les signes évidents d'un orage encore lointain, mais sur notre trajectoire..... du stade de l'observation, nous passons, 1 heure plus tard, à celui de l'inquiétude et des mesures à prendre..... 5h19, [Triton] change son cap de 16 degrés NO afin d'éviter si possible le centre de la perturbation..... pendant 1 heure, avec l'orage maintenant sur nos têtes, les conditions se détériorent, je "serre" alors le sillage de [Wardi] afin de minimiser l'augmentation de la houle..... 6h40, [Triton] reprend le cap initial, l'alerte a été chaude..... lorsque le soleil se lève quelques minutes plus tard, nous nous trouvons alors dans l'axe du Gulf Stream, là où la vélocité du courant et dérive sont maxima..... 8h10, deux dauphins se manifestent sur notre gauche..... 9h30, avec la côte américaine nettement visible, je me trouve à 10 km à l'Est d'Hallandale Beach..... le vent et la mer se sont calmés considérablement et malgré la fatigue, car l'effort commence alors à peser, je n'ai aucun doute quant au succès de l'opération..... 9h45, un vaisseau des Gardes-Côtes nous salue et nous accompagne durant quelques minutes..... 10h30, je touche terre à DANIA BEACH, survolé par les médias héliportés.  Malgrè sa difficulté, je viens de vivre une aventure extraordinaire !  
 
REFLEXION DU JOUR : Que l'on se sent petit et fragile dans l'immensité de la mer et combien les kilomètres y sont longs !!!
 
A RETENIR :  19 litres = ma consommation totale de liquide durant l'épreuve [100 km]; soit 8 litres de Gatorade, 4 litres de boisson glucidique et 7 litres d'eau.  Une hydratation nécessaire pour répondre à une demande physique extrême, assujettie non seulement à la durée d'un effort intense [10 h 50], mais aussi à la température et humidité de l'air ambiant.  Somme toute... du 19 litres aux 100 km, pourrait-on dire, n'est-ce pas ?        
 
En rétrospective, ce premier grand test fut un succès indéniable.  Malgré les annèes qui ont passées, il a laissé en moi une certaine nostalgie et aussi le souvenir d'une odyssée exaltante et d'un surprenant succès médiatique aux Etats-Unis.  Il aura également concrétisé le potentiel de l'appareil en mer et enfin valorisé davantage mes convictions relatives à la validité du cyclisme sur plan d'eau, plus calme, certes.
 
La période d'euphorie passée, je tournais alors mon attention vers la MANCHE, non pas le Pas-de-Calais, mais la GRANDE MANCHE !  Bien que réalisant pleinement l'ampleur du challenge et de la tâche qui m'attendaient loin de ma base d'opération en Floride (Miami/Key Biscayne), j'ignorais cependant qu'il me faudrait d'abord accepter les affres de la défaite en 1983, avant de pouvoir savourer la réussite en septembre 1985. 
(... à suivre)       Voir les images en cliquant sur le lien suivant : YVON LE CAËR

Date de création : 17/03/2008 : 22:22
Dernière modification : 28/10/2014 : 11:48
Catégorie : ALBUMS SOUVENIRS
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